Cinéma ivoirien : Malgré le bouillonnement dans le secteur, les Acteurs peinent toujours à en vivre.


En Côte d’Ivoire, depuis quelques années, le milieu du cinéma et de l’audiovisuel connait une relative effervescence, un dynamisme qui se met progressivement en place. Abidjan est de plus en plus, la nouvelle destination de nombreuses sociétés de production, de chaînes de télévisions et d’exploitants de salle de cinéma.
Six(6) salles de projection sont détenues par l’opérateur Majestic cinéma à Abidjan, qui contrôle le marché depuis 2013.
Le géant exploitant français « Pathé-Gaumont » qui a entamé depuis quelques années, la construction d’un multiplexe ultramoderne, doté de six(6) salles dans la commune de Marcory, partie sud de la ville d’Abidjan, a ouvert en Avril 2024.
Malgré tout cet engouement, le secteur du cinéma est encore loin du compte car beaucoup de personnes travaillant dans cet environnement du septième art, peinent encore à en vivre décemment.
« Ma doléance immédiate à Françoise Remarck, Ministre de la Culture et de la Francophonie. Trouver de l’argent pour payer mes loyers impayés et régler la panne de ma voiture. Merci. » C’est un message de l’acteur Khalil Koné, dans une publication récente sur l’un de ses comptes réseau social, lançait un cri de détresse à l’attention de la Ministre de la culture et de la francophonie.

Beaucoup d’acteurs de la chaîne des métiers (acteurs, réalisateurs, producteurs ou techniciens), sont obligés de trouver d’autres sources de revenus, en attendant qu’ils soient totalement pris en charge par l’écosystème.
Manque de financement, Rareté des productions à budget, Mauvais traitement salarial.
Pour être à l’abri du strict minimum, certains acteurs sont contraints, à garder pour le moment leurs emplois, soit à la fonction publique, soit dans le secteur privé, soit ont des affaires personnelles. Le désespoir s’emparant de certains, ont finalement pris distance avec le milieu.
« J’ai levé un peu le pied sur le fait d’intervenir dans les films, parce qu’à un moment donné, on se dit, ça ne sert à rien de rendre le rêve et ne pas avoir une vie de rêve. » Guy KALOU, acteur ivoirien, déclarait à la première tribune 2025 du Blick Punk Ciné.

Aujourd’hui, ceux qui arrivent à sortir la tête de l’eau, ce sont ceux-là, qui ont pu se construire une notoriété et ensuite mis en place, de sociétés de production audiovisuelle.
Quelques actions de relance du septième art.
Depuis la crise post-électorale de 2011, la Côte d’Ivoire s’est inscrite dans un processus de relance du secteur du septième art, à travers des initiatives telles que le renforcement des actions du FONSIC (Fonds de Soutien à l’Industrie Cinématographique), créé en 2008, qui a pour mission de financer la promotion et le développement de l’industrie cinématographique en Côte d’Ivoire.
En 2021, un décret portant statut de l’artiste en Côte d’Ivoire, a été signé par les autorités ivoiriennes, reconnaissant désormais le travail de l’artiste, l’encadre, l’organise et le rend professionnel.
L’inscription du secteur de la culture dans le pilier numéro 1, du PND (Plan National de Développement) 2021 – 2025.
Depuis 2024, la mise en place d’un fonds de financement des projets artistiques, fruit d’une collaboration entre le ministère de la culture et de la francophonie et le ministère de la jeunesse, de l’emploi des jeunes et du service civique.
Françoise REMARCK, ministre de la culture et de la francophonie, en fonction depuis avril 2022, connaissant bien le milieu, pour avoir occupé de hautes fonctions dans plusieurs médias à l’international, notamment chez le groupe CANAL+, veut faire de la Côte d’Ivoire, une véritable terre de tournage, à travers la création d’une nouvelle entité dénommée « Côte d’Ivoire Cinéma », qui devrait offrir à long terme, du travail stable et un cadre professionnel, à l’ensemble des acteurs qui interviennent dans l’industrie du film.
Mais pour arriver à ce résultat, qui pourrait régler le problème de l’employabilité dans le secteur, il va falloir attendre encore des années, le temps de l’application effective du décret portant statut de l’artiste en Côte d’Ivoire, le temps d’organiser et structurer profondément le milieu, afin d’aboutir à la construction d’une véritable industrie pour le bien-être social et professionnel des travailleurs du milieu.
Fadjéhé Koné / www.actucineafrique.com